Histoire du Château d’Eau de Oucques dans le Loir-et-Cher

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Oucques (Loir-et-Cher) est devenue Oucques-la-Nouvelle en 2017, regroupant 4 communes : Oucques, Baigneaux, Beauvilliers, Sainte-Gemme. La commune compte plus de 1 700 habitants.

Le château d’eau de la ville situé à l’angle de la rue du château d’eau et de la D924 existe depuis les années 50. 

La capacité de sa cuve est de 750m3. Mais ce n’est pas pour cette dernière que nous avons été attirés par cet édifice, mais par sa hauteur. A la lecture du livre « Pays de Blois d’Averdon à Thenay » de 1995, nous avons eu l’explication. (Textes et photographies de Jacques Sourioux Editeur)

En effet, page 63 nous lisons « le château d’eau récent fut construit par-dessus l’ancien ».

Sur les copies écrans, de la commune dans les années 1950, nous voyons la silhouette du premier château d’eau, beaucoup moins haut. (Géoportail.gouv.fr)  

Le 24 juin 2021, nous avons été accueillis par M. Denis Laubert 1er adjoint de la commune et président du SIAEP et le fontainier, employé à temps plein, M. Paumier. (Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable de la Région d’Oucques créé en 1951 ; siaep.oucques@orange.fr)

Accompagnés par Mme Mignot, (C.D.P.A 41, Coordinatrice de projets) nous avons eu le privilège de pénétrer dans les entrailles de ce bel adulte et de découvrir à l’intérieur celui qu’il protège depuis tant d’années. 

Le projet d’alimentation en eau potable démarre en 1932, la ville compte 1200 habitants et la consommation journalière est estimée à 125 litres par âme. 5 ans plus tard, en janvier 37 les autorités songent à la réalisation d’un réservoir sur tour. Le conseil municipal de l’époque, décide de mettre à concours la construction du château d’eau. Il est de même proposé d’installer dans la tour la station de pompage.

Comme pour chaque construction de ce genre, un cahier des charges sera élaboré. Les calculs justificatifs des matériaux et des délais nécessaires à l’élaboration du chantier devront être établis conformément à la circulaire du 19/07/1934 émanant du ministère des Tavaux Publics. 

(Exemple de la note de calcul manuscrite du document BAH Dossier 076 IFA 3328/7).

« Le fonds d’archives Bétons armés Hennebique est conservé au Centre d’archives d’architecture du XXe siècle de la Cité de l’architecture & du patrimoine. L’inventaire du fonds est intégré à la base de données ArchiWebture ». 

En février 1938, M. Marcel Blondeau de Vendôme signe le marché de gré à gré avec la commune (au nom et compte de la société Blondeau et Cie, rue du mail).

Anecdote : le forage n’est pas situé sous l’édifice. Mais au bout d’un tunnel horizontal, vouté, d’une vingtaine de mètres de long, et de 2mètres de haut. Le forage quant à lui, est situé à 20metres de profondeur. Ce tunnel captait la source par différentes ouvertures en pierre. Cet ouvrage a été découvert récemment par le SIAEP, malheureusement la réglementation a contraint le syndicat des eaux à boucher la construction.

La demande est claire : réservoir de 350m3 en béton armé, à fond sphéro-tronconique surmonté d’une coupole tronconique ; Il sera équipé d’une échelle métallique en fer galvanisé. La tour de 14m50 est tronconique (son diamètre inférieur est plus important que le diamètre supérieur) à 9m de haut sera érigé un palier avec une ouverture carrée et pour y accéder des échelles en métal seront installées (Cf. photo ci-dessous prise le 24 juin)

L’entreprise s’engage comme toujours dans ces marchés à réaliser à ses frais les essais de résistance au sol avant de commencer les fondations, et se devra de communiquer ses résultats aux ingénieurs des Ponts-et-chaussées.

Les règles du cahier des charges inclues la durée du travail hebdomadaire des ouvriers, les délais d’exécution, et les délais de garantie, la provenance des matériaux (France, Algérie…) et la présence d’ouvriers étrangers (à l’époque il est fait état de 5% maximum de l’effectif global).

Souvent, l’entrepreneur établi un devis « jour J », ce devis est approuvé par le maire ou son conseil, doublement signé par le préfet, mais :

Le délai d’acceptation du devis et des aléas s’ajoutent à des évolutions. Dans ce cas, c’est l’augmentation des salaires (+17%) et surtout le prix de la tonne de ciment qui flambe et plus aucun chiffre n’est valable.

A Oucques, la mairie accepte cette augmentation du cout global de la construction et en prend une partie à sa charge, ce qui est toutefois assez rare, il faut le signaler.

Un procès-verbal de réception provisoire est signé par Marcel Blondeau et l’agent « voyer » en août 1938 (moins d’un an après le devis). Le procès-verbal définitif de la réception « des travaux en bon état » est lui signé en mars 40.

Ce château d’eau de 1938 a beaucoup de chance : terminé avant la 2e guerre mondiale, debout après la fin de la guerre et aujourd’hui protégé par son ainé !

Moins de chance pour le château d’eau de la gare (Carte postale collection privée)

Ci-dessous documents des archives de la ville de Romorantin, château d’eau rue Pasteur : tarifs de la main d’œuvre en 1937 et les horaires hebdomadaires ainsi que le devis descriptif.  

Comme vous le savez, il y a d’autres châteaux d’eau construits autour du premier. (en exemple Montfermeil93-Toury 28- et Saint-Florent-sur-Cher 18)

Plans du château d’eau de Saint-Florent-sur-Cher construit au-dessus du premier
Archives de Chambray les Tours (Répertoire numérique de la sous-série 88J Fonds Novello 1925-1994)